Un an sans écrire le moindre article sur ce blog. Je sais, ça n'a manqué à personne, mais j'avoue que j'en suis le premier étonné. Sans doute que j'ai fait autre chose, de la scène, du théâtre, des récitals Brel ou Reggiani, des festivals... bref j'ai oublié mon blog. Après tout c'est comme ça ! C'est dans l'ordre des choses. On aime et on oublie. C'est l'humanité et son drame. Finalement, un blog où on ne parle que de soi n'a pas de raison d'être. "Ma-gueule.com", comme dirait l'autre ! Trop peu pour moi, je n'ai pas de temps à perdre avec moi-même. Alors j'efface, j'oublie. Je sais qu'il est là, quelque part, et ça me suffit.
En France il existe 40.000 monuments aux morts de 1914-1918. C'est comme ça. C'est affreux, cette plaie qui suinte et qu'on oublie. A tel point oublié qu'à peine refroidi le corps de Lazare Ponticelli, dernier poilu (et Saussétois !), les maîtres d'aujourd'hui, les successeurs de Poincaré ou Clémenceau, les chefs de leurs électeurs, ont décidé que DESORMAIS le 11 novembre ne serait plus la commémoration de l'Armistice de 1918, mais celle des MORTS POUR LA FRANCE. J'entends tout cela. C'est vrai qu'il y a des guerres oubliées, des morts tragiques qui passent plus inaperçues, parce qu'elles surviennent dans des conflits moins marquants, et qu'il faut aussi rendre hommage, et avoir une pensée pour ces gens qui meurent pour qu'on puisse vivre. Ils auraient bien mérité un jou "à eux". Un dimanche, pourquoi pas ? ça ne coûte pas cher un dimanche, juste le prix des fleurs, de l'apéritif, et des heures supplémentaires aux employés de mairie. Comme pour la journée de la déportation, qui mériterait peut-être un jour férié, non ? Mais on ne peut pas être en congé tout le temps "avec la dette qu'on a, comprenez-vous ?"... "Regardez les Allemands, comme ils travaillent plus que nous !"... "On ne va quand même pas rajouter des congés ! Prix que ça coûte !"... alors c'est décidé : on se souvient mais dimanche entre 11h00 et midi, et autour d'un apéro bien mérité.
Et je les entends, bien sûr, les Tartuffe de la Mémoire, toujours prêts à me donner une leçon de civisme. On ne rit pas avec ces choses-là, et on a bien raison. Nous sommes d'accord et JE NE RIS JAMAIS DE CES CHOSES-LA.
Voici donc notre 11 novembre travesti en journée de TOUS LES MORTS de TOUTES LES GUERRES, tombés pour la France. Soit... Ayons donc une pensée pour ce Grognard criblé à Waterloo, ce hallebardier piétiné à Pavie, ce chevalier cuit vivant dans son armure au soleil de Saint-Jean-D'Acre... et ACCESSOIREMENT ce poilu démembré, asphyxié, déchiqueté dans la boue puante de Verdun ou des Dardanelles. Accessoirement, dans la masse, au milieu du fatras de la mémoire... On a bien des photos, des films, mais ... sont plus là maintenant, alors... Comprenez-vous ?
Et pourtant, le 11 novembre était aussi et surtout l'occasion de parler d'un autre sujet, bien plus important que le souvenir chronologique : Le rôle des machines ! Le rôle abject des industriels, des banquiers, des RICHES ! Le mot est lâché, car hormis Albert Khan et et quelques amis du Genre Humain qui ont mis leurs fortunes au service de la vie, la guerre de 1914-1918 est AVANT TOUT la guerre des RICHES entre eux. La guerre de ceux qui FONT DU FRIC en fabriquant des machines de mort toujours plus efficaces, toujours plus puissantes, plus blindées, plus AUTOMATIQUES.
Les hommes de 1914 sont les premiers, depuis la nuit des temps et le pitoyable affrontement inter-hommes, à n'avoir que la chance à opposer à la mort. Le courage, la vaillance, l'honneur, ne représentent plus rien face à ces armes mécaniques qui commencent à broyer de la chair humaine... La Guerre de 1914 n'est pas celle des Allemands contre les Français, ou des Russes contre les Autrichiens, c'est la guerre des industriels contre l'Homme.
C'est cela qu'il convient de rappeler à ceux d'aujourd'hui quand on se souvient de ceux d'hier. Et c'est pour ça que le 11 NOVEMBRE doit rester le jour où l'on parle de la guerre de 1914-1918 et d'aucun autre sujet. Assimiler toutes les guerres en une journée est hypocrite, malsain, et dangereux. Demain on remettra en question la commémoration du 8 mai, pour la confondre avec toutes les luttes contre toutes les dictatures et le tour sera joué : Hitler sera mis au même rang qu'Attila ou Louis XIV.
Ayant horreur de tirer sur les ambulances, je vous laisse deviner QUI a eu cette brillante idée de changer l'intitulé du 11 novembre. Personnellement je préfère retourner à mon blog, espace de parole irremplaçable en ces temps de silence assourdissant.
Ah oui ! ... Vous m'avez manqué.
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