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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 16:42

Il existe presque autant de genres théâtraux qu'il y a de metteurs en scène. Beaucoup pensent avoir trouvé, d'autres cherchent éternellement le bon équilibre entre leurs passions et celles du public. Il existe sans doute aussi autant de public qu'il y a de spectateurs. Ces derniers se partagent en deux catégories distinctes : ceux qui viennent chercher quelque chose de précis, et ceux qui vont au théâtre sans savoir ce qu'ils y trouveront. Chacune de ces catégories se divise encore en deux groupes : ceux qui reçoivent et ceux qui donnent. Bref !
Et je ne vous décortique pas les acteurs et leurs sous catégories...
Quand on regarde le catalogue Théâtre et Compagnie (disponible en format PDF sur demande), on se demande quelle est l'idée maîtresse ? Quel rapport entre Feydeau, Eduardo de Filippo, Barillet et Grédy, Bernard Dimey, Serge Reggiani, et Ettore Scola ? Quel lien établir dans ma dramaturgie entre les pots de chambre de Bastien Follavoine et la gifle reçue par Gabriele sur la terrasse romaine ? Quel propos unit Lily Da Costa et Filumena Marturano ? Ce théâtre qui chante "Viens Poupoule" aussi fort que "Les loups sont entrés dans Paris" a-t-il seulement un rapport quelconque ?
Sous-jacentes, un tantinet sournoises, se profilent, bien sûr, les questions d'opportunité de ce genre de théâtre, de bon goût, et pourquoi pas, d'intelligence ou non. Revient alors l'éternelle querelle sur la mission du théâtre : pédagogique ou populaire, il faut choisir !
Bien entendu je prends tout, j'assume tout, et ma modeste expérience auprès des enfants (vingt ans cette année, tout de même) m'autorise à penser qu'on ne grandit pas dans la douleur, et qu'un enseignement, fut-il d'éducation populaire, ne se fait pas en dépit des gens. Aux salons philosophiques je préfère le théâtre forum, les salles pleines, les rires et les larmes qui n'ont plus peur de rester en carafe, entre deux tirades incompréhensibles. J'ai le souci, un tantinet raccoleur pour certains, d'attirer le public dans des spectacles faciles d'accès. J'aime à savoir que les enfants (de tous âges) se plaisent à assister à ce théâtre que je défends. J'aime les rires francs, et puis surtout :
la jubilation des acteurs qui embarque toute la salle dans un torrent d'émotion. Jubilez ! Jubilez ! Ils en retireront toujours quelque chose...
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Bien sûr, les subventions sont rares et les beaux théâtres un rien condescendants. Bien sûr les media détournent le regard avec ostentation, à part la PQR qui doit se battre pour caser un encart entre l'inauguration d'un supermarché et le tournoi de lancer de patates. Bien sûr les copains des copains, les cousins du beau-frère, les encartés de ceci, les affiliés de cela, toute la clique de ceux qui savent à quelle porte frapper. Bien sûr. Il y a belle lurette que je n'ai plus de carte nulle part,  que je n'ai plus d'appointances ( mot qui n'existe pas, mais qui est si joli), et que je ne rentre pas plus dans les grilles d'honorabilité que dans mes premiers costumes de scène. Tant pis. Il se trouvera bien quelques spectateurs en mal de jubilation pour venir contribuer à la poursuite de ma (brillante) carrière, et quelques acheteurs inspirés pour leurs contemporains. Théâtreux de tous les pays : méprisez-vous ! Y en a que ça soulage de nous savoir compartimentés, étiquettés, estampillés. C'est tellement pratique pour faire le tri ! Et puis, la carcasse fumante de l'enveloppe culturelle est de plus en plus maigre ! Alors il faut se spécialiser. Monde des spécialistes qui savent leur domaine jusqu'au bout des ongles, Copernic passerait pour un ignare de la dernière cuvée en face du moindre étudiant de 1ère année de physique ! Et peu importe que ce même étudiant soit parfaitement incapable de citer trois fleuves africains ou deux peintres hollandais : c'est un spécialiste ! Sans doute que ça rassure de s'en remettre aux spécialistes... L'acheteur se dit : je cherche "ça", qui est le spécialiste de "ça" ? et tout devient simple. Dans les Bouches-du-Rhône il existe le catalogue SAISON 13, qui répartit tout par catégorie. Personnellement je n'en vois que deux : les bons spectacles et les mauvais. Mais bon, le choix est indexé selon les spécialités : cirque, danse, théâtre, humour ! C'est tellement plus pratique... et tellement moins cher aussi. C'est presque donné ! Il ne me reste plus qu'à fonder "Théâtre Rigolo", "Théâtre Pas Rigolo", "Théâtre Chantant des Bêtises" et enfin "Théâtre Chantant des Oeuvres", comme ça je suis sûr de ne pas perturber mes interlocuteurs, acheteurs ou cataloguistes... faut aussi que je change de nom à chaque création et que je me colle des moustaches, des chapeaux, que je change de voix, que je prenne un accent. Re-Bref : Théâtre, mon beau théâtre, tu me sors par les yeux mais je n'aime que toi. Et réciproquement.
(Photo Patrice Claire - Extrait de Lily et Lily - Daniel Martin et Joëlle David)

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commentaires

M
ça t'arrives d'écrire des textes plus courts????<br /> désolé j'ai pas pu tout lire!!!
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